Une
nouvelle murale sur la rue Masson
Autopsie d’une création
Marylène
Couture
L’amour,
toujours l’amour! C’est ce qui inspire les artistes Eva
Cirnu et Nicolas Leou lorsqu’ils laissent courir leurs pinceaux
sur les murs extérieurs d’édifices montréalais.
Au début de l’été, ils ont peint sur la brique
du mur est d’Insta-Meubles à l’angle de la rue Masson
et du boulevard Saint-Michel.
Le couple, dans la vie comme dans la création, a réalisé
une quinzaine de murales à Montréal. «Nous sommes
fascinés par la surface à peindre. C’est jouissant
d’avoir aussi grand pour s’exprimer. C’est difficile
ensuite de rentrer à la maison et de peindre sur des toiles»,
lance Leou, qui est aussi musicien à ses heures.
Les deux artistes ont accepté de faire avec nous l’autopsie
d’une murale, peinte au coeur de Rosemont. D’abord réfléchir
au message à transmettre. Dans ce cas-ci, le message est simple,
aux dires de Leou: «Aimez donc votre planète.» Il
ajoute immédiatement «Une murale, ce n’est pas seulement
un dessin, c’est un message qui devient de l’art.»
Le processus commence avec une idée. «Puis on fait un croquis,
continue Nicolas. Une fois le croquis approuvé par le propriétaire
du mur, on se met à l’oeuvre. On monte d’abord une
couche de fond et on peint le dessin. On termine avec les détails.»
Peu de place à l’improvisation dans le travail de peindre
une murale.«Lorsqu’on se laisse aller à l’improvisation,
le résultat est moins précis», fait valoir Leou.
Après douze heures de travail, Eva et Nicolas ont fait apparaître
sur le mur du magasin de meubles un papillon dans un univers bleu sur
fond de chaos. Une partie du corps de l’insecte prend la forme
de notre planète bleu. Les artistes se sont laissés emporter
par le style de Jackson Pollock avec du splashing pour exprimer le chaos.
«J’aime bien ce style, avoue Nicolas, c’est pourquoi
nous avons choisi cette trame de fond.» Peu loquace, Eva, d’origine
roumaine, n’en pense pas moins.
Pas facile parfois la vie d’artiste peintre de murales. En effet,
ils se sont heurtés à l’incompréhension du
gérant d’Insta-Meubles qui les a menacés devant
témoins de repeindre le mur au rouleau aussitôt la murale
terminée, alléguant que leur art était du vandalisme.
«C’est la première fois que cela nous arrive. Habituellement,
les gens nous encouragent», s’étonne Eva.
Le projet avait
pourtant été accepté par le propriétaire
de l’immeuble, le Groupe Shiller. Le représentant du groupe,
Yves Mailloux, nous a confirmé que l’oeuvre resterait en
place.
Ajoutons que la peinture venait de l’Éco-Centre Petite-Patrie
qui récupère la peinture.
Quant aux artistes, ils espèrent que la murale sera toujours
là dans vingt ans.
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